La traduction de la poésie de Wilde par Albert Savine provient du Project Gutenberg EBook de son édition de Poèmes (1907). Date de sortie: janvier 2005 [EBook #14683]. Produit par Miranda van de Heijning, Renald Levesque et le Online Distributed Proofreading Team.

Mes membres sont rongés par une flamme. Mes
pieds sont las de voyager, et à force d'invoquer le
nom de ma Dame, mes lèvres ont maintenant désappris
à chanter.

O linotte, dans le buisson de roses sauvages, déploie
ta mélodie sur mon amour. O alouette, chante
plus haut, en l'honneur de l'amour: une dame
passe tout près.

Elle est trop belle pour qu'un homme, quel qu'il
soit, puisse voir ou posséder celle qui charmait son
coeur; plus belle qu'une Reine, qu'une courtisane,
ou que l'eau où la nuit se reflète la lune.

Sa chevelure est retenue par des feuilles de
myrte (feuilles vertes sur sa chevelure dorée). Les
herbes vertes parmi les gerbes jaunes de la moisson
d'automne ne sont pas plus belles.

Ses lèvres, petites, plus faites pour le baiser que
pour exhaler la plainte amère de la douleur, tremblotent
comme fait l'eau du ruisseau, ou comme les
roses après la pluie du soir.

Son cou a la blancheur du mélilot, qui rougit de
plaisir au soleil; la palpitation de la gorge de la linotte
n'est pas plus charmante à contempler.

Ainsi qu'une grenade coupée en deux, avec ses
grains blancs, telle est sa bouche écarlate; ses joues
sont comme la nuance fondue qu'offre la pêche qui
rougit du côté du sud.

O mains entrelacées! O corps délicat et blanc, fait
pour l'amour et la souffrance! O Demeure d'amour!
Opale fleur désolée et battue par la pluie!


Bout modifié 10 février 2019