[L'auteur a généreusement partagé ce matériel de son Les Guillotinés de la Révolution Française. Nos lecteurs voudront peut-être visiter. — George P. Landow]

Rien n'a bougé dans Paris. Et pourtant, ce matin, s'est accompli le régicide voulu par les représentants de la nation. A 10h 22, le couperet de la guillotine est tombé sur la nuque royale. Ume heure plus tôt, en quittant la tour du temple, Louis XVI, qui venait de recevoir la Communion des mains de l'abbé Edgeworth de Firmont, avait renoncé à dire un dernier adieu aux siens «Dites-leur que j'ai voulu leur épargner la douleur d'une séparation si cruelle, et ce qu'il m'en coûte de partir sans leurs derniers embrassements", murmura-t-il à son confesseur en pleurant. Puis il partit pour son dernier voyage, entre deux haies de gardes nationaux contenant une foule silencieuse d'ou l'on entendait parfois monter les cris de «grâce!». Insemsible à ce qui se passait autour de lui, Louis XVI récitait les psaumes des agonisants avec l'abbé. Arrivé place de la Révolution, le roi contempla d'un regard assuré l'échafaud situé en face des Tuileries, enleva son habit et ouvrit le col de sa chemise. Quand il vit les aides-bourreaux s'avancer pour lui lier les mains, indigné il recula. Pendant quelques secondes, on crut même qu'il allait leur résister. Soudain résigné, il se laissa attacher les mains et couper les cheveux, avant de gravir l'escalier du supplice. Mais en haut des marches, échappant à ses gardes, il courut jusqu'à la balustrades. Au moment où il allait prendre la parole, Santerre donna l'ordre à ses gardes nationaux de couvrir sa voix de roulements de tambours. Avant qu'on ne s'emparât à nouveau de lui, il eut le temps de s'écrier: «Peuple, je meurs innocent! Je pardonne aux auteurs de ma mort! Je prie Dieu que non sang ne retombe pas sur la France». On l'attacha sur la planche qui basculat, il jeta un cri affreux. Sanson, le bourreau, saisit alors la tête sanglante et la montra longuement au peuple qui répondit par un cri unanime de «Vive la Nation!», bientôt suivi d'un lourd silence. Après quelques instants de curée autour du sang, des vêtements et des cheveux de la victime, vendus à prix d'or, la foule se dispersa sans mot dire.


Dernière modification août 6 novembre 2010