[L'auteur a généreusement partagé ce matériel de son Les Guillotinés de la Révolution Française. Nos lecteurs voudront peut-être visiter. — George P. Landow]

Les ménagères parisiennes ont décidé de se faire justice. Exaspérées par la hausse des prix du savon, du sucre et des chandelles, elles ont pris d'assaut les boutiques afin d'obliger les marchands à leur vendre ces produits moins cher. Dans toute la capitale, ce ne sont que scènes de pillage bien que la Convention ait décidé hier de subventionner la Commune afin de maintenir le prix du pain. Tout a commencé le 22 février quand une délégation de femmes de la section des Quatre-Nation, s'étant rendue au club des Jacobins pour y délibérer de la question des subsistances, s'est vu refuser le local qu'elle demandaient. Deux jours plus tard face aux Blanchisseuses venues porter à la Convention une pétition réclamant la peine de mort contre les accapareurs et les agioteurs, les députés avaient ajourné le débat. C'en était trop! L'emeute qui a éclaté hier avec une grande violence effraie tout le monde, depuis les députés girondins et montagnards jusqu'au conseil général de la Commune, Hébert et Chaumette, procureur et substitu de la municipalité, ne sont pourtant pas les derniers à tonner contre les «richards engraissés du sang du pauvre» comme l'écrivait Le père duchesne en décembre. Mais ils craignent aussi les débordements populaires. Même Marat, don't l'article publié hier semblait inciter au pillage, s'en est aujourd'hui désolidarisé. Quant aux jacobins, ils se sont empressés de dégager leur responsabilité. Seul Jacques Roux, de sa section des Gravilliers, clame à qui veut l'entendre que le peuple défend là les "vrais principes" de la Révolution.


Dernière modification août 6 novembre 2010