[L'auteur a généreusement partagé ce matériel de son Les Guillotinés de la Révolution Française. Nos lecteurs voudront peut-être visiter. — George P. Landow]

Le jour se levait à peine quand la reine a vu entrer dans sa cellule de la Conciergerie la jeune servante Rosalie, qui venait la prévenir que l'heure était arrivée. Jusq'au dernier instant des ces deux épuisantes journées de procès, Marie-Antoinette a espéré échapper à la guillotine. Sa culpabilité, sa trahison, ses intrigues avec l'étranger, évidentes pour tous, n'ont jamais pu être strictement établies. Elle a été accusée d'avoir dilapidé des sommes immenses au profit de ses favoris, d'avoir poussé le roi à s'opposer à la Révolution et d'avoir traité son fils en roi après la mort de Louis XVI. Mais aucune preuve formelle n'a pu être retenue contre elle. Le comble de l'atroce à été atteint quand Hébert a osé l'accuser d'avoir eu avec son enfant des relations incestueuses. La reine horrifiée a lancé ç la salle «J'en appelle à toutes les mères!» et ce cri à ému jusqu'aux tricoteuses. Son avocat, Chauveau-Lagarde, a plaidé deux heures avec une telle fougue qu'il a été arrêté en plein tribunal. En dépit de cet avertissement, son second avocat? Tonson du Coudray, a mis la même flamme dans sa plaidoirie et a subi le même sort. Mais leurs efforts ont été vains. Vers 4h du matin, cette nuit, la sentence est tombée: le tribunal, suivant ses convictions intimes, a condamné la «veuve de Louis Capet à la peine de mort». La reine a écouté le verdict la tête basse, sans prononcer une parole. De retour dans sa cellule, elle n'a pas dormi du reste de la nuit. A l'aube, le bourreau Sanson est venu la chercher et lui a fallu traverser Paris au milieu des cris vengeurs de «A mort l'Autrichienne!&eaquo; et de «Vive la République!&eaquo;. L'air absent, la reine semblait ne rien entendre. Quand la Charrette s'est arrêtée devant l'échafaut, elle en est descendue si précipitamment qu'elle a perdu son soulier de satin prunelle et a marché sur les pied du bourreau «Monsieur, lui a-t-elle dit poliment, je vous demande excuse, je ne l'ai pas fait exprès&eaquo; On l'a alors attachée à la planche. Celle-ci a basculé et le couperet est tombé. Un aide du bourreau a ramassé la tête aux cheveux blancs et l'a montrée longuement à la foule.


Dernière modification août 6 novembre 2010