[L'auteur a généreusement partagé ce matériel de son Les Guillotinés de la Révolution Française. Nos lecteurs voudront peut-être visiter. — George P. Landow]

Né à Genève le 31 août 1730, mort à Coppet le 10 avril 1804, fils d’un régent de collège, destiné au commerce, Necker fait son noviciat commercial à la banque Vernet, à Paris. Il amasse une fortune honorable, fonde une banque en 1765. Nommé président par la République de Genève, il inspire confiance à Choiseul. Syndic de la Compagnie des Indes, il la ranime et la défend contre l’abbé Morellet en 1769. Il épouse en 1764 Suzanne Curchod, fille d’un pasteur du pays de Vaud. Intelligente, elle s’occupe d’Ïuvres de bienfaisance, tient un salon qui rivalise avec ceux de Mme Geoffrin et de Mme du Deffand. Jacques Necker souhaite assumer des responsabilités, rédige un Éloge de Colbert , couronné par l’Académie en 1773. Sa renommée le fait recommander à Louis XVI par Maurepas lors de la crise financière en 1776. Ainsi, un Genevois, de religion réformée, professionnel de la finance, devient directeur du Trésor puis directeur général des Finances en 1777. Il soulève de grandes espérances alors que la guerre d’Amérique vient encore alourdir les charges du Trésor. Necker agit avec ordre et économie, réalise quelques réformes suggérées par Turgot: suppression de charges, réduction des traitements, abolition de la mainmorte, allégement de la taille, révision de la cote des vingtièmes; une régie des domaines, une régie des aides et droits réunis privent la ferme de la plupart de ses droits; il place les emprunts à des taux avantageux pour les particuliers mais ruineux pour l’État. Pour ranimer la confiance du public, il publie le fameux Compte rendu au Roi  , tableau des recettes et dépenses pour 1781. S’il présente un budget en équilibre, il révèle le montant des pensions payées aux courtisans: "les frelons". Cette brochure lui attire beaucoup d’ennemis. Il en accroît le nombre par un projet d’assemblées provinciales des trois ordres dans le but de diminuer l’omnipotence des intendants et d’associer les Français à la gestion de leurs intérêts. Necker tente cette expérience en Berry, en Guyenne en 1779, puis propose de l’étendre à toutes les généralités. Maurepas, qui s’était déjà opposé à Necker quand celui-ci proposa le duc de Castries pour remplacer Sartine à la Marine, critique ce projet devant Louis XVI et se joint à la résistance des parlements et des intendants. Le roi repousse le projet. Necker démissionne (mai 1781). Très populaire, le ministre se retire à Saint-Ouen et rédige son Traité de l’administration des finances de France (1784). Attaqué par Calonne devant l’assemblée des Notables, il répond par plusieurs brochures qui le font exiler à vingt lieues de Paris.

Après la malheureuse expérience de Brienne, Louis XVI rappelle Necker et le nomme directeur général des Finances et ministre d’État. Necker ne soupçonne pas la gravité de la crise. Sûr de lui, homme des demi-mesures, il veut gouverner par la popularité. Il disgrâcie Lamoignon, rétablit les parlements, interdit la libre circulation des grains pour pallier la disette et annonce la convocation des États généraux. Il conseille le doublement du tiers pour les élections, malgré l’avis du parlement de Paris et de l’assemblée des Notables. Il déçoit les députés dans son discours d’ouverture (5 mai 1789) et le 23 juin, à la séance royale, en hésitant avant d’accorder la réunion des ordres. Le 11 juillet, le roi le renvoie, ce qui provoque une panique financière. Necker se retire à Bâle. Il en est rappelé après la prise de la Bastille et rentre à Paris sous les acclamations. Mais il rencontre à l’Assemblée l’opposition de Mirabeau à qui il a refusé l’entrée au Conseil du roi. Necker freine le mouvement réformateur, condamne la sécularisation des biens du clergé et l’abolition de la noblesse, propose le veto suspensif pour le roi. Les Jacobins se dressent contre lui; il se retire et il gagne Coppet en septembre 1790 où il s’emploiera à justifier sa politique par des essais: De l’administration de M. Necker par lui-même Du pouvoir exécutif dans les grands États   (1792). Pour défendre le roi, il rédige ses Réflexions offertes à la nation française , ce qui le fait inscrire sur la liste des émigrés; ses biens sont confisqués. Il publie encore Cours de morale religieuse  (1800) et Dernières vues de politique et de finances , livre qui irrite Bonaparte.

Sa fille, Mme de Staël, rédige une Notice sur le ministre, et son petit-fils édite ses Œuvres complètes  (1820) en quinze volumes. — © 1998 Encyclopædia Universalis France S.A.


Dernière modification août 31 octobre 2010